Le Bocuse d’Or souffre-t-il d’une baisse d’intérêt ?
Indéniablement, vu le manque de couverture des qualifications (cela se voit sur notre site au niveau des posts…). Pourquoi ?
Les raisons sont multiples.
La première : le décrochage des grandes nations qui n’y arrivent plus vu la complexité et la longueur de l’effort. Deux ans. On dit cela à des athlètes des J.O. cela les ferait quand même sourire. Allemagne, Italie, Espagne, Autriche ont disparus des radars. Belgique, Luxembourg : anecdotique. France : résultats irréguliers. Le Bocuse d’Or compte en Scandinavie car ils n’ont pas d’autre concours qui les étalonne, et en Suisse. Il survit en Asie du seul fait que les épreuves ne se font plus en direct, mais sur dossier, présentation d’un menu online (pour cause de pandémie nous a-t-on vendu en 2022, cette année la finale, initialement prévue en Chine, a été annulée. Un recul évident. Que peut bien couvrir la presse ? De fil en aiguille, le concours devient épiphénomène. Même chose pour les sélections continentales. Au Bocuse d’Or America, les USA gagnent toujours (leur niveau est rarement exceptionnel). Le Canada s’immisce. Les autres font de la figuration. Il n’y a guère que le Bocuse d’Or Europe qui a une légitimité.
La seconde, la domination scandinave qui irrite. Les juges vikings baignent dans un nationalisme boosté par les budgets conséquents de leurs structures touristiques qui en font une incitation à visiter leur pays. Et comme ils représentent un quart des participants, le podium leur est plus accessible. Ils intègrent au fur et à mesure les instances de contrôle, chaque nouvel élu venant épreuve après épreuve, grossir les rangs. Nous avons donc d’un côté des instances gouvernementales qui financent, d’un autre côté des nations qui sont obligées de trouver des sponsors privés. Un exemple de ce décalage : la Nouvelle-Zélande qui a besoin d’un financement de 10.000 $ a lancé une souscription en ligne. En six mois ils ont récolté 20 $ ! Le budget de la Norvège est proche du million.
Il est une troisième raison, le clientélisme national. A voir toujours les mêmes restaurants en Norvège et au Danemark qui gagnent on peut se poser des questions. Idem en Australie, aux Etats-Unis. Il y a certes une « école », mais par conséquent, ce n’est pas très ouvert. Prenons l’exemple de la France. Troisième fois consécutivement qu’un représentant de la région qui accueille la finale, est « choisi ». Ou devrait-on dire élu ? Quand on regarde du côté des sponsors, on comprend. La région Auvergne Rhône-Alpes, régulièrement épinglée pour ses somptueux coûts de réception, est le plus gros contributeur. Ne cherchons pas plus loin. Du patronage au favoritisme régional, le Bocuse d’Or France, un concours où Rhône-Alpes gagne à la fin. Ne nous étonnons pas d’une baisse de qualité de la compétition.